Poubelle la vie

Vous y croyez, vous, aux noms prédestinés? Ma sainte femme de mère a souhaité toute sa vie avoir une fille qu'elle aurait appelée Sophie," parce que les Sophie(s?) sont rigolotes". Las, la pauvre, elle a eu seulement 3 fils. Mais ce n'est pas le sujet.

La rue du Cancel de sa percée au XIVe jusqu'au XIXe siècle était un cul de sac qui s'enfonçait dans le terrain du couvent des Ursulines. en fait son nom, lou canceou, signifiait (et signifie toujours) la rue bouchée.... Même s'il y a environ 150 ans, on l'a débouchée...

C'est là qu'intervient ma question de départ. est ce que le nom de la rue peut avoir un influence sur son destin. En tout cas, mon ami Alain, qui vit dans cette rue, se pose beaucoup de questions sur le sujet. Il est tendu l'ami Alain, parce que ça s'accumule par chez lui.

Il faut bien reconnaitre qu'il doit regretter un tantinet qu'un rigolo eut un jour l'idée de percer la rue jusqu'à la rue des Cardeurs; disons à la décharge (le mot est bien choisi) du rigolo sus-nommé qu'il ignorait que dans le futur, la dite rue se transformerait en paradis de l'ouvre-boite (de jour comme de nuit)

Est ce un début de barricade, pour barrer le passage aux inspecteurs du Michelin?

En même temps, le fait d'être dans un lieu tranquille permet à tous les talents de s'exprimer pleinement...

Bref, mon copain trouve que le lieu, s'il n'est plus bouché, est quand même peu fréquenté par le services chargés, en théorie, d'assurer un minimum de propreté dans notre bonne ville.

Mais, m'objecterez vous, oh lecteur scrupuleux, il y a bien une voie d'accès, pour aller rue du Cancel. c'est même cette fameuse rue des Cardeurs, même si elle n'est plus aujourd'hui que le côté pair du Forum du même nom. Certes, et c'est là le deuxième sujet qui énerve l'ami Alain; même qu'il aimerait l'utiliser pour ramener son automobile dans son garage, à côté de sa maison. Mais...

Car il y a un, voir plusieurs mais

Le premier "mais", si j'ose dire, c'est qu'il existe chez nous un règle bien simple en terme d'utilisation des voies: s'il n'y a pas beaucoup de circulation, c'est qu'on peut se garer.. je rappelle la question philosophique que je me pose depuis longtemps: est ce qu'il y a des voitures stationnées parce qu'il n'y a pas de trafic, ou bien est ce qu'il n'y a pas de trafic parce qu'il y a toujours des voitures en stationnement? Bref, ce n'est pas simple de se frayer un passage, parce que les braves chauffeurs, ils travailmoient.

Je vous vois venir, vous allez me dire qu'ils ne sont pas là toute la journée...

Dont acte; mais vous oubliez le second principe aixois: si ce n'est pas un parking, c'est une terrasse.... Donc, en fin de journée la chaussée devient un aimable lieu de rendez vous. D'ailleurs tous nos édiles vous le diront, il faut bien que notre belle jeunesse trouve sa place pour s'esbaudir. Cela inclut le milieu de la rue.

Et si l'on a l'outrecuidance de vouloir passer en voiture, on se fait copieusement injurier, car a-t-on idée d'habiter dans une rue bouchée.

Je prends ça avec humour, mais l'ami Alain, ça ne le fait pas vraiment rire; parce qu'en février dernier, un incendie s'est déclaré chez lui, et que ceux qui ont eu du mal à passer, ce sont les pompiers: ils ont mis 25 minutes au lieu de 5 pour arriver chez lui... avec les conséquences que vous pouvez imaginer...

Alors de temps en temps, quand il a vraiment envie de rentrer chez lui, il s'énerve et essaie de porter plainte. La semaine dernière, il appelé la police municipale, qui lui a répondu qu'elle avait "d'autres priorités". Du coup, il a écrit à Madame la Maire ( en priant que Dieu l'ait en Sa Sainte Garde).

En attendant, nous, on se dit que, si la rue n'est plus bouchée, ce n'est pas le cas de tout le monde.

Il y a une chose que j'aime beaucoup dans notre bonne ville, c'est le marché aux livres anciens qui se tient le premier dimanche de chaque mois sur la place de l'Hôtel de Ville. On y trouve tout et n'importe quoi: un vrai bonheur. Il y a déjà quelques mois, j'y avais acheté pas cher un petit fascicule d'un nommé Claude Cetekk intitulé "Nous avons bâti Paris" aimablement illustré de dessins et qui raconte l'évolution au cours des siècles de différents quartiers de la capitale. Or donc, l'autre jour, j'essayais de ranger un peu mes bouquins, ou plus exactement de diminuer le désordre dans ma bibliothèque.

Je tombe dessus. Tiens, je l'avais oublié, celui là; alors je l'ai feuilleté...Et boum, je tombe sur le chapitre "Cour des Miracles", gentiment illustré d'un petite scène de genre, visiblement inspirée des descriptions de Victor Hugo dans Notre Dame de Paris. Il appelle ça "scène de liesse à la Cour des Miracles". Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a évoqué d'autres scènes du même genre: un sorte d place entourée de maisons; on se demande comment le riverains supportaient ce genre de scène de liesse. Vous me direz, quand on lit la description de "métiers" des gens qui composaient cette foule, les mauvais coucheurs devaient faire preuve de compréhension. Entre les "casseurs de hane" (coupeurs de bourse), les "coquilleras" qui trafiquaient des coquilles soit disant ramenées de Saint Jacques de Compostelle (ça se fume?), il y avait de quoi se méfier. Surtout quand le chefs de bande leur suggéraient d'aller habiter ailleurs et qu'il était normal qu'une ville qui a la change de compter autant de tire-laine doit comprendre qu'ils ont envie de s'amuser...

Pour compléter, l'auteur fournit un petit plan qui situe la Cour des Miracles. Vous allez rire, on est pas loin de l'actuelle Place de Bourse.Non non, je ne ferai pas de commentaires stupides.

Bon, c'est pas tout ça; mais je ne vais pas vous tenir la jambe avec Paris, ça va m'attirer le foudres de mes lecteurs supporters de l'OM... Je me demande si vous me voyez venir avec me gros sabots..

En fait, la scène de liesse le soir sur le Forum des Miracles, j'arrive à peu près à m'imaginer ce que ça donnerait de nos jours; j'arrive aussi à m'imaginer les riverains, et les différentes populations qui occupent les lieux quand le temps le permet. J'imagine aussi leur tête quand on leur explique que s'ils n'aiment pas ça, ils n'ont qu'à déménager et s'installe à la campagne. Enfin, j'imagine. parce que de nos jours, les menaces physiques, ça n'existe que dans les séries télé. Dans la vraie vie, on s'aime tous comme de frères...

Je me demandais si j'arriverais à illustrer ce moment d'humeur par une carte comparative de l'évolution de la cour des Cardeurs. Eh bien oui, je peux le faire! Figurez vous que mon vieux copain Christian a, il y a 2ans, monté une présentation pour les journées du Patrimoine sur le quartier. alors, sou, voilà le travail:

On remarquer qu'au XVIIe, les tenanciers de taverne occupaient tout l'espace compris entre les 2 voies, et l'avaient entièrement bâti en dur. Même pas un petite place pour un bar à vins... triste époque.

Allez bon quoi, pas trop de nostalgie; il y a quand même au moins une chose qui n'a surement pas changé depuis des siècles: c'est le lendemain qui chante..

Et soyons positif, il y a quelque chose qui n'existe plus aujourd'hui..dans son bouquin, Claude Cetekk parle des relations entre la police et la faune de la Cour des Miracles. Je cite:

"Les archets du guet prélevaient une dîme sur leurs recettes et les utilisaient parfois comme "cagous" (indicateurs)"

Quelle époque, mon Dieu, quelle époque!

Moi, j n'aurais jamais osé dire des choses pareilles! Vous me connaissez, je fais toujours preuve de tact et de modération, même quand je décris de situations extrêmes.

Franchement, à propos de la Provence de samedi dernier, que diriez vous?

• Ils sont gonflés...
• Ils exagèrent un peu..
• Ils vont trop loin...
• Ils méritent une punition
• S'ils se font flinguer, ils l'auront bien cherché.

Comment ça, ce n'est pas Charlie.. Mia enfin, il s'attaquent à une vache sacrée....

Ah, ces journalistes! Qu'est ce qu'il ne vont pas inventer... Qu'est ce que c'est que l'enfer d'abord?

La politique européenne, ce n'est pas vraiment mon sujet de prédilection. Mais enfin, il faut être sourd et aveugle pour ne pas entendre et voir les polémiques concernant la circulation transfrontalières des populations... Bref, il y a un tas de gens qui circulent et qui s'agitent dans des endroits où l'on ne souhaite pas les voir.

Plus, voire pire, on voit apparaitre le slogan "On est chez nous!". C'est indéniablement aussi le mot d'ordre qui s'impose en haut du Forum des Cardeurs, dans l'espace dit, à cause de sa forme, le "Sifflet". Ils sont chez eux, et ils prennent leurs aises. Et si vous voulez passer, et bien frayez vous le passage à vos risques et périls. Etant bien entendu qu'en cas de péril, il est toujours possible d'entrer se réfugier dans le nid accueillant que les braves et honnêtes taverniers sont prêts à vous offrir le couvert; enfin, offrir, faut pas rêver. Et c'est moins risqué que d'envisager d'aller déjeuner dans un restaurant plus bas sur le Forum.

En tout cas, le concept de "libre circulation" est ici tout à fait discuté, à défaut d'être discutable. mais vous connaissez les gens, ils ne sont pas très disciplinés.

C'est pourquoi dans plusieurs pays, et pas forcément des plus totalitaires, on voit apparaître des murs pour empêcher le passage des indésirables. Et dire que celui de Berlin est tombé il y a 25 ans....

Et bien toujours dans le même secteur du Sifflet, on participe au mouvement..

Il fait trop froid pour prendre le café en terrasse. Vous ne vous imaginez quand même pas que, pour autant, vous avez le droit de vous approcher de la fontaine de Jean Amado. De quel droit? Et ne vous plaignez pas, ils n'ont pas encore lâché les chiens...

Avec tout ça, je ne sais pas trop comment commenter l'image ci contre..

Faut-il se lamenter du vandalisme permanent au quel est soumis le mobilier urbain, en particulier les plots destiner à interdire l'accès des zones piétonnes aux véhicules automobiles. ce sont les sacro-saintes bagnoles qui hurlent aussi "on est chez nous".

A moins que l'on y voie un trace de la volonté des habitants du quartier à forcer les barrières que l'on cherche à leur imposer...

Ah la la, c'est bien compliqué le rôle d'observateur de la vie publique; et encore plus compliqué le rôle de chroniqueur mondain!

La fatigue m'écrase tout à coup.. Je vais boire un coup et faire une sieste....

Franchement, je manquais un peu d'enthousiasme ce matin.

Oui, bon, vous avez raison, c'était plutôt d'idées dont j'étais à court. Hier matin, il y avait bien cet éternel tas à mon lieu favori (Mérindol Nostre Seigne), et bien sur, il y était encore ce matin. Je l'ai photographié bien sur, mais sans gloutonnerie.

Comme dirait notre Président: "C'est pas facile de se renouveler devant un spectacle immuable." Qu'est ce que vous voulez que je vous raconte encore. Que je crie mon ras-le-bol des Rats Noirs qui se complaisent dans l'environnement de leurs propres déchets? Que je brocarde cette merveilleuse organisation du travail du service de nettoyage où personne ne se sent responsable d'avertir l'autre équipe qu'il y a un dépôt qui le concerne à cet endroit? Que je ricane des chariots de nettoyage abandonnés au coin des rues?

Vous me direz: "Si tu arrêtes de t'agiter, ça veut dire que ce sont eux les vainqueurs!" Bien sur, bien sur. N'empêche que il y a des moments, comme ça, où on n'a pas la pêche.

Bref, je m'apprêtais à vous pondre une tartine peu digeste (oui, je sais, l'image et osée). Et comme l'inspiration, j'ai un peu surfé sur Internet. Et là, j'ai sauvé ma journée... Je suis tombé sur le blog de mes petits camarades du CIQ Mairie Saint Sauveur, qui viennent de sortir une image assez bluffante.

Alors un conseil: laissez tomber cette chronique rasoir et précipitez vous que Aix Pensées. je vais être sympa, voilà le lien: http://aix-pensees.over-blog.com/2014/09/forum-des-cardeurs-acte-iv-scene-4.html

Et vive la concurrence!